La flexion lombaire chez l’athlète et son implication dans les lombalgies 2/2
Lors de la partie 1, nous vous avions parlé de l’intérêt ou non de travailler la flexion lombaire chez un patient lombalgique. La prise de décision était basée sur un raisonnement biomécanique et/ou symptomatique.
Ces données étaient issues d’une revue narrative de Gregory J Lehman publiée dans le Aspetar Sports Medecine Journal (revue non indexée).
Bien qu’utile cliniquement, cette première partie reposait donc sur un niveau de preuve faible.
Pour cette partie 2, nous aimerions vous résumer une méta-analyse qui aborde le lien entre biomécanique et douleur lombaire chez des athlètes pratiquant l’aviron. Cet article a été publié en ce début d’année 2021 dans le prestigieux BJSM (British Journal of Sport Medicine.)
Nous finirons par mettre en application le raisonnement de la partie 1 sur un cas clinique qui correspond à la population étudiée par la revue systématique.
PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE
Le but de cette étude est de comparer la biomécanique lombo-pelvienne chez des rameurs lombalgiques et non lombalgiques.
13 études ont été retenues : elles portent sur la biomécanique lombaire et les activités musculaires des athlètes.
Les points principaux de cette étude sont les suivants :
1. Les rameurs non lombalgiques conservent une position neutre ou en antéversion du bassin lors du catch (figure A) et moins de flexion lombaire en position finale (figure B). En lien avec la conservation de la position lombaire neutre, ils présentent également une meilleure mobilité de la coxo-fémorale.
2. Les athlètes lombalgiques présentent des déficits opposés : plus de flexion lombaire lors du catch, diminution de la mobilité coxo-fémorale, et une moins bonne efficacité des muscles extenseurs du rachis.
3. Dans les 2 groupes, la fatigue conduit à une augmentation de la flexion lombaire lors du catch.
Cette méta-analyse met en évidence que la biomécanique peut avoir sa place dans une pathologie multi-factorielle comme la lombalgie.
Compte tenu des informations sur les muscles extenseurs du rachis, le renforcement musculaire pourrait également avoir une place prépondérante pour cette catégorie de patients lombalgiques.
DE LA SCIENCE À LA PRATIQUE VIA UN CAS CLINIQUE
Prenons l’exemple d’un patient qui pratique l’aviron dans une structure de haut niveau (4h/jour) avec des symptômes à dominance nociceptive augmentés à la flexion lombaire répétée.
1. L’évaluation du patient devra forcément comporter une évaluation de la mobilité du complexe lombo-pelvien et des qualités (endurance, force) des extenseurs lombaires.
2. Est-ce que le travail de la flexion lombaire (ex : Jefferson Curl) a sa place dans ce contexte ?
Peut-être pas tout de suite… Rappelons-nous juste que le patient est symptomatique et réalise déjà des flexions répétées avec charge sur son bateau 4h par jour…
En conclusion, la biomécanique est une partie du puzzle du traitement du lombalgique. Dans certains cas, elle ne doit pas être sous-estimée.
Cette étude concerne une population de rameurs, sport qui comporte beaucoup de flexions répétées. Il manque encore des données pour étendre sa conclusion à d’autres sports ou activités.
Toutefois, pas besoin d’une méta-analyse pour affirmer qu’il y a de nombreux sports où les contraintes mécaniques en flexion lombaire sont relativement importantes.
Pour conclure, n’oublions pas que devant un patient lombalgique au cabinet, l’évaluation clinique et la compréhension des mécanismes favorisant la douleur restent bien une des clefs du traitement.
Résumé et images issues de :
Nugent, F.J., Vinther, A., McGregor, A., Thornton, J.S., Wilkie, K., Wilson, F., 2021. v